Dans le cadre du projet Eco’Logic_CAP de Le Collectif Créatif Tunis, l’exposition « Saha Chribtek » a eu lieu le week-end du 14 au 16 avril 2023, à Dar El Collectif et Beb Sidi Abdessalem. Étaient exposés 4 des œuvres des jeunes artistes ayant participé au programme de résidence et accompagnement ECOLOGIC_CAP. Les œuvres explosées traitent des enjeux climatiques et la justice climatique.
Cet événement comportait 3 volets majeurs. D’abord, la formation de l’équipe de médiation artistique sur les deux semaines précédant l’évènement, puis l’exposition sur les deux sites et enfin, les Talks du dimanche sur la thématique du stress hydrique en Tunisie.
Formation immersive de médiation artistique
ECOLOGIC_CAP vise à explorer le potentiel de l’art dans le développement du plaidoyer autour de la justice climatique. Dans l’objectif de fédérer les créatifs autour des problématiques climatiques, nous avons lancé un appel aux étudiants sur les réseaux sociaux : ceux qui ont répondu ont rejoint l’équipe de médiation artistique qui a organisé l’exposition. Pour ces 10 étudiants, la plupart en design, art et architecture, les jours précédant l’exposition furent… intensifs. Afin de pouvoir assurer les besoins de l’évènement, il ont été formés en amont par Hanen Mahfoudh, diplômée en pratiques curatoriales et art d’exposition. Ils ont passé en revue les différents volets de la médiation artistique et des notions clefs : la perception, l’art, l’art contemporain, l’art dans les espaces publiques ainsi que de l’importance du contexte. La formation a permis d’optimiser l’expérience des visiteurs de l’exposition; d’intégrer les mesures de sécurités au sein de l’équipe, avec le public mais aussi lors de l’installation des œuvres et de souligner les points techniques quant à l’utilisation appropriée des différents appareils électroniques.
Aussi, il était primordial pour les médiateurs d’être informés des thématiques profondes de cette exposition, à savoir l’injustice climatique, les conséquences du changement climatique dans le monde mais surtout dans le contexte de la Tunisie. C’est dans cet objectif que Saber Ammar, activiste environnemental, est intervenu lors d’une session introductive. Pour faire sa présentation, il a utilisé un outil mis en place par l’association « La fresque du climat », un exercice sous forme de jeu de carte qui permet la diffusion des enjeux climatiques mondiaux. Il a ensuite abordé des sujets spécifiques à la Tunisie, dont l’impact de l’agriculture qui est l’une des causes majeures du stress hydrique. Il a mis en lumière le terme « eau virtuelle » : à travers l’exportation des certains fruits tunisiens, on exporte une consommation astronomique d’eau qui dépassent les quantité autorisée dans les pays importateurs et qui met en péril l’équilibre hydrique de la Tunisie.
Lors de ces soirées d’apprentissage et de travail, les étudiants ont eu l’occasion de rencontrer les artistes dont les œuvres étaient exposées. Ils ont assisté à la présentation des œuvres en question et ont pu échanger, poser des questions et partager leurs réflexions avec les artistes.
A partir du 12 avril, l’équipe a assuré le nettoyage du site Beb Sidi Abdessalem pour y accueillir l’installation de Abdennour Ben Khalifa ainsi que la mise en place des pièce de Dar El Collectif pour les œuvres de Souha Dogui, Malek BouKadida et Khawla Hwiji.
Enfin, lors de ces trois jours d’expositions, les apprentis ont pus mettre en pratique le savoir-faire qui leur a été transmis en mettant en place le plan de médiation, les positions de chacun : accueil du public, visites guidées, point d’information sur les deux sites de l’exposition (Dar El Collectif et Beb Sidi Abdessalem), suivi du bon déroulement des Talks organisés.
Une exposition à double localité
« Les riches et détenteurs de pouvoir musulmans ont longtemps œuvré pour l’agencement de la ville et la construction d’établissements leur garantissant récompenses et bénédictions de Dieu dans l’au-delà. Et c’est sur la base de cette croyance que des puits ont été creusés, des fontaines édifiées et des distributeurs d’eau publics (Sebil) construits aux portes de la ville pour fournir de l’eau à ceux qui y entraient ou qui en sortaient. Le Sebil Sayed Abd al-Salam compte parmi l’un de ces établissements. »
Le paragraphe ci-dessus est extrait de la présentation de l’œuvre de Abdennour Ben Khalifa, Un pays sans eau est déserté. La double localité de cette exposition était donc, dans un premier temps, un choix artistique de la part de l’artiste. L’opportunité de mettre en place des tours guidés a été saisi par l’équipe de médiation afin de rendre l’expérience du public d’autant plus riche et ludique.
Le point de départ de l’exposition était Dar El Collectif, au cœur de la Médina, où l’on retrouvait les œuvres de trois artistes : Souha Dogui avec son installation De la peur à la réalité, Malek BouKadida et sa vidéo Au-delà du visible et enfin Khawla Hwiji et son court-métrage Vision floue.
Les visiteurs étaient donc invités à découvrir leur travail avant d’être accompagnés au site historique de Sidi Abdessalem.
Talks : la problématique du stress hydrique en Tunisie
Le dernier jour de l’exposition, nous avons eut l’honneur d’accueillir Faika Béjaoui, architecte et urbaniste; Mayssa Sandli, fondatrice du journal Blue_tn et enfin Alaa Marzougui, membre de l’Observatoire Tunisien de l’Eau. Les interventions se sont donc suivies, soulevant la problématique de stress hydrique en Tunisie et permettant au public d’échanger avec ces professionnels du domaine.
Remerciements
Ce n’est pas moins de 56 heures qui ont été passées pour se former et organiser l’exposition sur ces deux dernières semaines. Nous souhaitons donc remercier les étudiants et les formateurs pour leur investissements.
Un grand merci aux artistes ainsi qu’aux experts ayant pris la parole lors des Talks pour leur participation.
Pour finir, merci à Hivos et le mouvement #VCA qui soutiennent le projet Eco’logic_CAP et ont permis de mettre en place cet évènement.